En France, 20 milliards de mouchoirs en papier, Kleenex sont vendus, les plus forts en mathématiques, auront fait le calcul, 600 par seconde.
 
La question que certains se sont posés, comment se mouchait-on  avant les mouchoirs en papier?
Tonton Roger, qui sait tout, dira que le mot "mouchoir", vient du mot "muccare" tiré du mot "muccus" ( des sécrétions visqueuses translucides).  Dès l'Antiquité, on en évoque l'usage dans des textes et au Japon on se sert de carrés de soie pour s'essuyer le nez mais ils sont peu répandus et se moucher avec les doigts est monnaie courante au Moyen-Age.
Ainsi Bonvesin de la Riva, au XIIIe siècle, indique qu'il ne faut pas s'essuyer le nez dans les serviettes de table et conseille de tourner la tête lorsqu'on éternue, pour éviter de mettre de la salive sur la table. De même, quelques lignes plus tard, il déconseille de trop se pencher sur la soupière, car on risque de faire tomber de la morve dans la soupe. Bonvesin indique aussi que le page (jeune homme qui veut devenir chevalier, qui sert de domestique), doit éviter de se moucher dans les doigts s'il sert le pain ou la viande.
Cette façon de faire se prolonge jusqu'au XVe siècle. Ceci se comprend parfaitement, il n'est pas aisé quand on porte une armure de 50 kilos de sortir un morceau de tissus et essuyer son nez.
Les sculpteurs de l'époque représentent même ce geste, anodin pour eux, sur la tombe de Philippe le Hardi à Dijon. Sur cette sépulture, deux "pleurants" s'essuient le nez, l'un avec les doigts et l'autre dans son manteau.
 
 
La Renaissance, époque réputée pour son art, le développement des sciences.... est aussi un moment important au niveau du savoir-vivre, l'alimentation et de l'hygiène. A partir des années 1500, les manuels de savoir-vivre fleurissent. Erasme, célèbre humaniste en écrit un. Ses nombreux conseils et interdictions permettent d'en savoir un peu plus sur les pratiques de l'époque.
Il fait un distingo entre la "morve" et le "muccus" (crotte de nez), l'une est "liquide" et l'autre plus épais. Dans son ouvrage  De Civilate morum puerilium (1530), Erasme fait une typologie des différents mouchages:
- Le paysan se mouche dans son bonnet
- Le poissonnier dans le coude
- Le bourgeois dans la manche
- Le noble avec un mouchoir
 
Cet objet devient un objet de luxe. Les plus riches en possèdent une dizaine au maximum. Ainsi on sait qu'une bonne amie d'Henri IV en possède huit. Ces morceaux de tissus sont brodés d'or le plus souvent. Au XVIe siècle, la façon de s'essuyer le nez devient ainsi un marqueur social, mettre un mouchoir dans une de ses poches démontre la richesse et l'expression " ne pas se moucher dans la manche" signifie que l'on est riche.
 
Le mouchoir demeure longtemps l'apanage des plus aisés. Mais l'archevêque de Bénévent, en 1609, se sent obligé de livrer quelques conseils, comme celui de ne prêter que des mouchoirs propres, de ne pas regarder le contenu du mouchoir après s'en être servi...
Le développement de l'hygiénisme, les siècles suivants, installe définitivement l'emploi du mouchoir, même chez les plus modestes, mais le morceau de tissus devient ensuite un morceau de papier jetable....car on reproche au mouchoir en tissus de ne pas être très hygiénique.
 
 
 
 
 

Se moucher avec les doigts, c'est sale?

les pleurants qui se mouchent
les pleurants qui se mouchent

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